C’est au sein du salon d’automne de 1910 que le fauve fit son apparition et que Louis Vauxcelles témoigna de sa présence. Le fauve était t-il l’invité de trop ? Ce salon fit scandale.

Longtemps rejetée par l’Occident, la couleur a été synonyme de paganisme. On effaça donc très vite la couleur des temples grecs de la même manière qu’elle le fut de la mémoire collective pour la remplacer par une blancheur surnaturelle. La verbalisation colorée initiée par les Grecs fut désormais synonyme de débordement. Malgré cette idéologie, ce débordement devait avoir lieu à un moment ou à un autre. L’expressionisme Allemand s’en empara. La couleur fut utilisée à des fins thérapeutiques. Il était temps de panser en soi les blessures, en les extériorisant. Verbaliser la couleur c’est s’obliger à lui donner l’espace de liberté qu’elle exige. 

Ainsi, au sein de ce salon d’automne de 1910, un groupe de peintres (Henri Matisse, André Derain, George Braque, Auguste Chabaud, Maurice de Vlaminck.. ) décida de donner la tonalité, une tonalité à l’image, une pulsion de vie au sein d’un environnement encore bien trop maîtrisé. De cette pulsion de vie, la couleur jaillit, sans contour, on donne le ton, on bannit la tendance. Certains ont tenté par la suite de réitérer cette « impression ». La spontanéité est cependant inimitable du fait du moment donné.

Le fauve est multifacette. Il s’infiltre d’un côté et terrasse de l’autre. Il s’infiltre par sa radicalité et ses processus esthétiques, comme  en témoignent des mouvements tels que le suprématisme, le futurisme, le constructivisme, de stijl, et terrasse lorsque cette radicalité se propage. On donne alors le ton par le biais de la forme.

Le fauvisme c’est prendre conscience, à la manière du Jazz, de la vitalité provoquée par son apparition, mais c’est aussi prendre conscience de sa métamorphose et de sa capacité à résister en dépit du changement des mentalités. Le tout est de préserver notre capacité à l’entrevoir dans toute la furtivité du moment qu’il nous offre. Le fauve c’est celui qui rétablit l’équilibre par le désordre au sein d’un ordre inadapté. La couleur absorbe toute notre attention. Elle jaillit en nous et hors de nous, tandis qu’elle remet en question l’ensemble des paradigmes qui jusque là esquissaient les contours de notre image. Quant à l’ocre ? Elle est la messagère. Elle nous ramène à l’origine des civilisations, celle où la terre permettait à l’individu d’illuminer les parois des cavernes et d’enclencher le processus culturel par le biais de la création et de la mémoire.  

 

Camille Sauer, https://www.camillesauer.com/ 


Soirée Museum Live Fauve, jeudi 26 octobre 2017

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