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Vous avez raté l’exposition Le Surréalisme et L’Objet? Pas de panique Art Session vous propose de se pencher sur l’une des oeuvres de l’exposition: La Poupée de Hans Bellmer.

Connu pour avoir souvent abordé dans ses œuvres l’étrange ainsi que les détails incisifs, Hans Bellmer est l’un des artistes majeurs du mouvement surréaliste. Son travail a malheureusement souvent été mis en marge voire oublié du public.

Bellmer est avant tout un dessinateur plus qu’un photographe, mais c’est la réception d’une caisse remplie d’objets issus de son enfance un été qui va le pousser à la construction de sa fameuse Poupée en 1933. Composée en deux temps, cette œuvre souvent qualifiée de totale et d’étrange, attire physiquement et nous renvoie à nos désirs. La première Poupée de Bellmer est avant tout une réflexion sur l’enfance, la fuite vers cette période inconsciente de notre vie dans une époque ou l’Europe s’avance vers la Seconde Guerre mondiale. 070N08885_6HRDM.jpg.thumb.385.385Il place à l’intérieur de son ventre un système mécanique comprenant des cases où sont placés différents objets. Le spectateur était donc invité à les observer au travers du nombril et à les échanger en appuyant sur le sein. Rêve amoral ? Désir refoulé ? Rien n’est moins sur que Bellmer nous surprend en nous obligeant à rentrer dans l’intimité corporelle et morale d’une femme, présentée ici comme simple objet.

2013-02-07 16.52.03Il est souvent dit que lorsque Bellmer s’attelait à la construction de sa Poupée et s’enfermait dans son atelier, sa nièce le regardait faire par le trou de la serrure. Tout comme cette jeune fille nous devenons donc voyeur…

En 1934, quelques photographies de La Poupée sont publiées dans la revue Le Minotaure. Cette vanité contemporaine choque et interpelle. Il faut dire que le groupe surréaliste a déjà utilisé les poupées dans ses différentes expérimentations ou performances. Mais montrer une femme démembrée, présentée comme objet de désir et dépendant totalement de son créateur, ça jamais… C’est André Breton qui mettra en contact Bellmer avec ce tout jeune groupe d’artistes controversés et Paul Éluard à son arrivée en France. C’est cette rencontre qui donnera à l’artiste l’idée d’utiliser la peinture dans ses photographies de l’objet. Il se remet au travail et en achèvera une nouvelle en 1935 plus malléable cette fois.

hansbellmerDésormais, le corps de La Poupée peut prendre toutes les positions grâce à une boule formant le ventre. Le corps devient malléable à l’infini. Il est un simple objet tout comme Sade le décrit deux siècles plus tôt.

La féminité devient désormais dangereuse. Dans la précédente, l’objet illustrait le désir fou pour l’homme de comprendre comment marche l’intérieur. Ici Bellmer cherche à concentrer l’attention autour de la possession sensorielle.

Hans Bellmer nous donne ainsi une réflexion nouvelle sur le corps, alors fantôme et simple enveloppe corporelle, mais aussi sur la fonction d’une œuvre d’art en mélangeant l’ensemble des médiums comme la sculpture, la photographie et le dessin.

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Pour en savoir plus: Hans Bellmer. Anatomie du désir. Sous la direction d’Agnès de la Beaumelle.  Edition. Gallimard Centre Pompidou.

Camille

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